France DUBOIS et Tamar KASPARIAN dialoguent avec Frans VAN HOLDER
Frans VAN HOLDER, Mélancolie
Huile sur toile, 99,8 x 70,2 cm, 1907, Musée d’Ixelles
Frans VAN HOLDER
(Ixelles, 1881 – Genève 1919)
Biographie
Frans Van Holder fait ses premiers pas artistiques dans l’atelier de peinture décorative de son père, spécialisé dans la réalisation de décors pour les salons bourgeois bruxellois de l’époque. Pourtant, il veut absolument devenir peintre, raison pour laquelle il suit une formation dans l’atelier d’Alfred Cluysenaar et à l’Académie de Saint-Gilles. Rapidement, il se spécialise dans le portrait de son entourage et de ses amis, comme Guillaume Charlier (sculpteur belge). En 1905, il est au sommet de son succès et décide de se rendre en Espagne où il découvre les portraits de Vélasquez. L’année suivante, il visite l’Italie avec sa jeune épouse. En dehors des portraits intimistes, il montre un intérêt pour la nature et réalise des scènes historiques et religieuses, des scènes de genre et des paysages influencés par Manet et qui le place dans le mouvement post-impressionniste. Peintre un peu oublié, il s’inscrit avant tout dans le luminisme, un courant spécifique à l’art belge dont Émile Claus est la figure de proue, qui combine l’impressionnisme au réalisme et exalte la lumière. Atteint de tuberculose, Frans Van Holder meurt prématurément en Suisse à l’âge de 38 ans.
Description de l’œuvre
La mélancolie fait partie de ces portraits intimistes féminins dans des intérieurs bourgeois dont Frans Van Holder est spécialiste. Certains y verront une atmosphère symboliste marquée par un sentiment de tristesse et de doute. Le modèle adopte une attitude alanguie, comme découragée, la tête abandonnée contre le mur, la main droite relâchée. Tout exprime un mal être symbole d’une fin de siècle en proie à des grands changements. Le tableau évoque le « spleen » baudelairien, source d’inspiration pour le poète, et présente une bourgeoise perdue dans sa rêverie, en proie à un voyage intérieur onirique.
France DUBOIS et Tamar KASPARIAN
présentent un travail commun issu de leur série ANATOMIA.
ANATOMIA XIII & XIV
Graphite, pierre noire et crayon noir sur papier Tengucho 9gr et impression photographique sur coton
60 et 65 x 100 cm, cadre en noyer, 2019
Biographie
Après avoir terminé un Master en communication qui l’amène à réaliser des reportages vidéo pour des organisations humanitaires, France Dubois se forme à la photographie à l’Ecole Agnès Varda (Ecole de photographie de la Ville de Bruxelles) en 2009. La photographie devient sa forme privilégiée d’expression artistique. « Mes photographies parlent de la fragilité des émotions » nous dit-elle.
Tamar Kasparian, artiste belgo-arménienne est née en 1975. Au moyen d’une technique de dessin classique mêlée à une superposition de photographies qui floute les contours, elle cherche à fixer la nature sur du papier japonais traditionnel, très fin (papier Kozo, fabriqué à partir du mûrier).
Pourquoi ce choix de France DUBOIS et Tamar KASPARIAN ?
A l’instar de Baudelaire, cette forme de tristesse accompagnée de rêverie définie comme la mélancolie représente pour Tamar Kasparian et France Dubois un arrêt sur l’image, une interrogation sur la vie, une étape, où tout est encore possible. Le personnage de Frans Van Holder en est l’allégorie. Dans Anatomia, mi-cachée, mi-dévoilée, impudique, nous assistons à la naissance de la femme, entre larve et papillon, telle une chrysalide émergeant de son cocon. Les deux artistes contemporaines ont décidé d’imbriquer leurs deux techniques, la photo et le dessin, pour créer une image unique. Ainsi, se confondent une impression photographique et un dessin sur un papier japonais lui-même fabriqué à partir du murier, l’aliment préféré du ver à soie. L’image produite est en devenir, le spectateur est invité à assister à cette naissance, il sent que la femme va apparaitre et pourtant, elle gardera son mystère.