Elodie ANTOINE dialogue avec Charles HERMANS
Charles HERMANS, Les demoiselles Vanderborght
Huile sur toile, 166 x 213 cm, 1887, Musée d’Ixelles
Charles HERMANS
(Bruxelles 1839 - Menton en France, 1924)
Biographie
Charles Hermans est né à Bruxelles dans une famille bourgeoise aisée et montre rapidement un talent d’artiste. Il étudie à l’atelier Saint-Luc à Bruxelles, un atelier libéral qui offrait une alternative à l’enseignement académique traditionnel qui fut aussi fréquenté par Constantin Meunier. Elève de Navez et Gallait, il fut l’un des membres fondateurs de la Société libre des Beaux-Arts, fondée à Bruxelles en 1868, qui réunissait des artistes naturalistes tels que de Groux, Artan, Meunier et Dubois.
Hermans était un artiste prolifique qui a pratiqué de nombreux genres tout au long de sa carrière : la peinture d’histoire, de genre, les portraits et la peinture de paysage. Acquise en 1881 par les Musées royaux, A l’aube (1875) demeure l’œuvre la plus célèbre du peintre belge. Peinture majeure du réalisme belge, cette toile de grande dimension oppose le peuple ouvrier à la dépravation bourgeoise. Hermans a suivi ce chef-d’œuvre avec d’autres pièces de genre plus petites jusqu’à ce qu’il tente une autre scène de genre à grande échelle, Le bal masqué.
N’ayant pas obtenu le succès escompté avec ce travail, Hermans s’est tourné vers des œuvres à plus petite échelle représentant souvent des femmes charmantes, basées sur les études qu’il avait faites pour le bal masqué, il réalise également de nombreux portraits qui s’inscrivent dans la même veine que les portraits bourgeois d’Alfred Stevens. Ses débuts qui étaient prometteurs restent cependant sans lendemain. Il avait pourtant un certain talent de coloriste et de metteur en scène comme le montrent une série d’études et d’esquisses séduisantes qui versent parfois dans la sentimentalité.
Description de l’œuvre
A l’instar de ce qui se faisait beaucoup à l’époque, Charles Vanderborght propriétaire de la Firme Vanderborght et frères, spécialisée dans la vente de papiers peints, tissus et ameublement, commande à Charles Hermans un tableau de ses quatre filles. La plus jeune tient une poupée en main et la plus âgée un bouquet de fleurs. La posture est naturelle et classique. Le but est de réaliser un portrait fidèle des jeunes filles. C’est avec réalisme et une grande maîtrise de la représentation d’un intérieur bourgeois cossu que Charles Hermans l’exécute. Il s’inscrit ainsi dans la lignée d’un Jean Gouweloos ou d’un Alfred Stevens, celle d’une époque où la frontière entre peinture de genre et portrait, distincts dans la doctrine académique au XVIIIème, devient de plus en plus ténue au point que les deux genres finissent par mutuellement s’influencer. Le portrait rencontre la vie quotidienne et les sujets féminins y occupent une place de choix.
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Elodie ANTOINE, Princesse au ruban et Princesse au diadème
techniques mixtes, chanvre et coton
133 x 40 x 40 cm & 168 x 40 x 55cm, 2014.
Elodie ANTOINE (Virton 1978)
Biographie
Elodie Antoine a suivi les cours de l’atelier de sculpture de l’Ecole Nationale supérieure des arts visuels de La Cambre en 2002. Depuis elle vit et travaille à Bruxelles. Pour réaliser ses œuvres, elle utilise tous les moyens traditionnels jadis réservés aux femmes dans un cadre domestique : la couture, la broderie, la dentelle… et les replace dans l’art en mode majeur. Un travail méticuleux de longue haleine, élaboré lentement, lui permet de parler de la femme, de son corps, de ses pensées intimes, de son intérieur au propre et au figuré, de sa place dans un monde d’hommes.
Pourquoi Elodie Antoine a choisi de faire dialoguer ces princesses chevelues
avec le tableau de Charles Hermans ?
Elodie Antoine nous dit vouloir montrer des œuvres de grands formats, de taille humaine pour imprimer au lieu une présence intéressante. Elle aime l’idée de sororité qui se dégage du tableau de Charles Hermans qui pour elle reprend positivement l’idée féministe qui sous-tend l’exposition.